ORTO-R : L’ORTO-15 révisé pour diagnostiquer l’orthorexie

Auteurs : Rogoza, R., Donini, L.M
Titre original : Introducing ORTO-R: a revision of ORTO-15
Date de publication : Mai 2021
Revue : Eating and Weight disorders
Langue originale : Anglais
Lien & DOI : https://doi.org/10.1007/s40519-020-00924-5

But de l’article

L’article vise à retravailler l’outil diagnostic initial de l’orthorexie, l’ORTO-15. Ce sont d’ailleurs les auteurs ayant construit l’ORTO-15 qui propose une nouvelle analyse de l’outil basée sur les données récentes, ainsi que de nouveaux tests pour estimer sa pertinence.
L’ORTO-15 a été le premier outil à être traduit dans plusieurs langues et de nombreuses études de prévalence ont été réalisées grâce à lui.

Cependant, la valeur et la pertinence de l’outil paraissent faibles et la communauté scientifique a mis en lumière ses faibles qualités psychométriques.

Méthodes

Une analyse statistique factorielle confirmatoire* va être réalisée sur les données qui ont permis la construction de l’ORTO-15. Les auteurs vont ensuite se baser sur les méta analyses des différentes études portant sur l’ORTO-15 pour en retenir des points clefs et construire le nouvel outil. Ils considèrent que les résultats obtenus à partir de l’ORTO-15 sont valides et espèrent une corrélation entre les résultats du nouvel outil construit et résultats des études précédentes.
Les auteurs vont également se baser sur les travaux des principaux auteurs qui ont remis en question l’ORTO-15, permettant de voir si le nouvel outil répond à ces critiques.

* Type de traitement statistique qui vise à tester si ce qui constitue l’outil est pertinent pour évaluer ce qu’il veut évaluer. Exemple dans notre cas : est-ce que les questions posées sont pertinentes pour évaluer l’orthorexie.

Résultats

L’analyse factorielle révèle que plus de la moitié des questions proposées par l’ORTO-15 sont peu pertinentes. Elles seront donc supprimées. Les questions maintenues seront les autres qui se retrouvent d’ailleurs dans les méta analyses.

L’analyse statistique réalisée pour le nouvel outil est donne un résultat acceptable. Certains aspects peuvent cependant être améliorés ou discutés.
Les résultats du nouvel outil sont bien corrélés à l’ancien.

Enfin, le traitement statistique répond également aux objections principales réalisées par Missbach, leur auteur principal.

L’ORTO-R : plus que six items

La version modifiée et améliorée ne contient plus que six items (questions) pour évaluer l’orthorexie :

L’ORTO-R (traduction personnelle) :

  1. Est-ce que vos choix alimentaires restrictifs et rigides sont guidés par une crainte concernant votre santé ?
  2. Êtes-vous d’accord avec le fait que manger sainement augmente votre estime de vous-même?
  3. Croyez-vous que manger strictement des aliments sains peut améliorer votre apparence ?
  4. Lors des trois derniers mois, est-ce que des pensées liées à l’alimentation vous ont fait ressentir de la culpabilité, de la honte ou de l’anxiété ?
  5. Est-ce que penser à l’alimentation vous inquiète excessivement plus de trois heures par jour ?
  6. Est-ce que manger sainement change vos habitudes de vie (fréquence des repas à l’extérieur, des sorties entre amis…) ?

Notre réflexion

Le travail des auteurs est intéressant, puisqu’il vise à retravailler un outil utilisé produisant des résultats discutables. Les auteurs reconnaissent que cela avait un effet défavorable pour les recherches sur l’anorexie. Ils proposent également d’intégrer l’orthorexie dans le DSM, sous une forme dimensionnelle. Ils soulignent également l’intérêt et la nécessité d’une échelle et d’une distinction normal/pathologique. Dans un sens, l’ORTO-R apparaît ainsi comme un outil plus fiable pour évaluer l’orthorexie.

Cependant, il nous semble qu’une fois encore, la recherche se tourne trop vers un travail quantitatif. Le vécu des personnes orthorexiques reste peu travaillé et serait sans doute une aide précieuse pour affiner les outils.
Par ailleurs, malgré toute la rigueur statistique, certains éléments ne peuvent que demeurer arbitraires dans ce test. Pourquoi trois mois ou trois heures aux questions 4 et 5 ? La problématique majeure du poids, comme critère distinctif ou non de l’anorexie est également évacuée. En ce sens, il nous semble qu’une personne souffrant d’anorexie serait diagnostiquée orthorexique.

De notre point de vue, les critères qualitatifs proposés par Bratman & Dunn demeurent les plus pertinents à ce jour.